Airboard : Interview avec Laurent Matthey
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Airboard : Interview avec Laurent Matthey

portrait L.Matthey Laurent Matthey, distributeur de l’airboard et detenteur du record de vitesse (141 Km/h). Interview réalisée le 28 janvier 2008.

Qu’est-ce que l’Airboard ?

L’airboard (aussi appelé snowbodybord) est un nouveau sport de glisse né sur les pentes enneigées, c’est une luge gonflable sur laquelle on dévale les pistes à 20 cm du sol, allongé sur le ventre, la tête en avant (position similaire au skeleton).

Est-ce une simple luge ?

Créé par Joe Steiner, un suisse allemand, en 1996, l’airboard n’est pas un simple gadget, mais bien un produit technique et élaboré. Après de nombreux tests, il a commencé à être commercialisé en 2001. Il est constitué de thermoplastique gainé de tissu en nylon ultra-résistant et équipé de carres sur sa surface glissante. Ce textile nylon est indéchirable, il ne se perce pas si l’on passe sur des cailloux, et résiste à une température pouvant aller jusqu’à -60°C. Suivant l’état de la neige et la pratique que l’on en fait, plusieurs modèles sont proposés.

Pour les protections, le casque, qui reste obligatoire dans les pistes de luge, est fortement conseillé lors des sorties hors-pistes, la tête restant proche du sol. Les genouillères sont aussi conseillées, les jambes pouvant traîner hors de l’airboard et être en contact avec le sol…

Sensations garanties au ras sol, à pleine vitesse dans les pentes dures ou dans la poudreuse, on a l’impression de voler sur la neige. L’engin se dirige par le déplacement du poids du corps, aidé par une poignée sur chaque côté, qui actionne les carres et permet de tourner et de s’arrêter. Le coussin d’air permet d’amortir des sauts de 10 à 15 mètres…

airboardeur

A qui est-il destiné ?

L’airboard est destiné à toute la famille, il s’apprend facilement à tout âge. Ainsi, les personnes qui ne pratiquent pas, ou peu de sport d’hiver, peuvent le piloter et goûter rapidement à ses sensations.

Quels sont les avantages et les inconvénients ?

Contrairement à d’autres activités, l’airboard à l’avantage de s’apprendre très vite et facilement. On peut avoir immédiatement du plaisir grâce à la maniabilité et la stabilité de l’engin. Son poids n’est que de 2.2 kilos et il n’est pas encombrant une fois plié car il se range dans un sac à dos.

Le principal inconvénient réside dans le fait que l’on ne peut pas en faire n’importe où, ni se lancer dans des pentes où on aurait du mal à s’arrêter si on est débutant. Si après quelques minutes de pratique on sent qu’il est possible de passer de partout (notamment hors des sentiers balisés !), il faut se méfier et rester prudent car s’arrêter en un minimum de distance demande une certaine expérience. A pleine vitesse, une quarantaine de mètres sont nécessaires pour se stopper, évitez alors de freiner au dernier moment en voyant un ravin car vous risqueriez d’y finir au fond.

L’airboard compte t-il de nombreux pratiquants ?

Si l’on n’en croise pas encore tous les jours sur les pistes, l’airboard a dépassé les frontières de la Suisse et est aujourd’hui distribué dans une dizaine de pays. On compte, en France une centaine de pratiquants et plus de 5 000 dans le monde. L’usage de l’airboard est cependant strictement réglementé. En Suisse, une dizaine de stations on créé des pistes spécial airboard, l’engin n’étant pas autorisé à « glisser » en compagnie des skieurs et snowboardeurs. Plus généralement, l’airboard se pratique dans les pistes de luge. Si 80% des stations Suisses possèdent une piste de luge, ce qui permet aux nombreux adeptes de se défouler, peu de stations françaises ont une piste de luge, ce qui freine sensiblement une augmentation du nombre de pratiquants, les spots étant limités.

Où pratiquer l’airboard en station de ski française ?

En France six domaines skiable se sont ouverts à l’airboard : l’Alpe d’Huez, Courchevel et Valthorens pour les pistes de luge, St Chaffrey Chantemerle pour des initiations et sorties tous niveaux,Valmorel pour une sortie avec l’ESF sur le snowpark et des animations en station et la Meige pour des initiations et une descente freeride non sécurisée réservée aux airboardeurs confirmés. Sinon, des compétitions en boardercross de 4 concurrents sont organisés chaque hiver, comptant pour le championnat national d’airboard.

Comme pour tout sport de glisse, il suffit d’une bonne pente pour que cela marche, alors, pour contrer une réglementation contraignante, les airboardeurs n’hésitent pas à chausser les raquettes pour partir à l’assaut des pistes enneigées hors des sentiers battus…

descente en airboard

Quel est l’accueil du milieu snowboard ?

A l’instar du snowboard dans les années 80, on se moque des airboardeurs qu’on juge fous de se lancer du haut d’une piste avec un boudin rempli d’air. C’est lorsqu’on l’essaie qu’on se rend compte de son potentiel et des nouvelles sensations, totalement différentes du ski ou du snowboard, que cela procure. Au début sceptiques car considérant ce nouvel engin réservé aux enfants, les riders s’adonnent de plus en plus à ce nouveau délire, lorsque les conditions ne permettent pas de rider pleinement. Il existe aujourd’hui un team Airboard, les riders sont suisses allemands et viennent tous du snowboard. Ils ont essayé un jour et n’ont plus jamais décroché.

Interview réalisée par Alexis Bonnin.